Les marchés d’Aalsmeer

De Tokyo à Moscou, de Paris à New York, les prix sont dictés par les enchères du premier marché aux fleurs néerlandais.

Pour visiter le marché aux fleurs d’Aalsmeer, situé près de l’aéroport de Schiphol, mieux vaut chausser des bottes de sept lieues. Classées dans le « Guiness Book  » comme le plus grand bâtiment commercial du monde, les halles du Bloemenveiling Aalsmeer (VBA), où travaillent 12.000 personnes, s’étendent sur 100 hectares. Chaque jour, plus de 19 millions de fleurs coupées et 2 millions de plantes de près de 11.000 variétés sont mises aux enchères autour des 13 cadrans du VBA. Aussitôt vendue, 90 % de la marchandise est expédiée à l’étranger. Sans aucun délai : 300 grossistes ont en effet établi leur bureau sur place. En croissance constante depuis vingt ans, le VBA a enregistré l’an dernier un chiffre d’affaires de 1,5 milliard d’euros, soit 45 % des ventes de l’horticulture néerlandaise. 

Véritable Wall Street de la fleur, le marché vit en continu. De 16 heures à minuit, les horticulteurs amènent les fleurs, qu’ils ont récoltées dès potron-minet, triées et rangées sur des chariots qui vont être stockés en chambre froide. Ce sont eux les propriétaires de la coopérative d’Aalsmeer. Pour être membre, le producteur s’engage à apporter toutes ses cultures, le VBA se chargeant de les commercialiser moyennant une commission de 2,2 % sur les ventes. Le pourcentage prélevé sera supérieur s’il n’est pas adhérent. Grâce à ce système, le VBA est parvenu à détenir un assortiment de variétés inégalé dans le monde.

Vers quatre heures du matin, une équipe de 80 contrôleurs tente de déceler les « infractions » : fleurs coupées trop tôt, présence de parasites, longueur inégale des tiges. Chaque chariot est ainsi affublé d’une note de qualité, déterminante pour la fixation du prix. Selon la qualité, les écarts de prix peuvent atteindre jusqu’à 80 % pour une même espèce de roses concurrence féroce

Cinq heures et demie du matin : les « acheteurs » enfourchent leur vélo pour faire un tour rapide dans les allées, afin de repérer la marchandise qui les intéresse. En majorité employés par des sociétés de gros, ils sont spécialisés l’un dans la rose, l’autre dans les plantes fleuries, le troisième dans les fleurs à bulbes, etc. 

Six heures et demie : le coup d’envoi des enchères est donné. Sous les cadrans qui affichent la quantité, l’origine, la taille, la qualité des fleurs et le prix de départ, les chariots multicolores défilent en continu, sans la moindre pause. Les enchères sont dégressives : les lumières de la grande horloge électronique se déplacent de haut en bas, de 100 à 1. Celui qui appuie trop tôt sur le bouton achète trop cher. Celui qui se décide trop tard risque de voir la marchandise lui passer sous le nez. Installés à leur pupitre, concentrés, les acheteurs jouent la décontraction, mais ils n’ont qu’une poignée de secondes pour se décider. La concurrence est féroce. Le jeu est de ne rien montrer et de ne rien dire, mais, croyez-moi, la tension règne : le moindre centime de variation a des conséquences.

A neuf heures, les ventes sont terminées. Les milliers de chariots sont redistribués aux acheteurs, avec une marge d’erreur infime. Certains sont envoyés dans les ateliers, où des dizaines de petites mains préparent des bouquets composés prêts à envoyer. D’autres passent par la salle des peintures, pour les amateurs de fleurs peintes. L’essentiel va chez les grossistes, qui conditionnent les produits selon les exigences de leurs clients. La logistique est impeccable : dès midi, les halles sont vides, tandis que des norias de camions quittent le marché. Leur chargement sera livré le soir même à Francfort, Paris ou Stockholm, à Moscou, New York ou Tokyo le lendemain. 

Sans but lucratif, la coopérative investit sans cesse dans de nouveaux services. Elle consacre actuellement 150 millions d’euros à un système de chariots roulants automatisés, rêve de construire un souterrain direct jusqu’à l’aéroport de Schiphol et teste régulièrement de nouvelles variétés horticoles. Passé de mode ces dernières années, l’oeillet devrait revenir en force. Mais plus en rouge ou rose : à Aalsmeer, on étudie des variétés jaunes, vertes, melon et bicolores. 

 Sources via : lesechos.com

Voici quelques lieux où la passion florale des Hollandais s’exprime dans toute sa splendeur :

Keukenhof : plus de 7 millions de fleurs à bulbes sont plantées dans le parc de Keukenhof. De sublimes arrangement floraux décorent les jardins et quatre pavillons : tulipes, hyacinthes, jonquilles, orchidées, roses, œillets, iris, lys et bien d’autres encore. Keukenhof est de loin le plus beau parc floral que l’on puisse voir au monde. 

Floriade 2022 : une exposition florale internationale, organisée tous les dix ans dans une ville de Hollande. Les  fleurs, plantes, arbres, fruits et légumes les plus exceptionnels y sont exposés. Notez bien cet événement dans votre agenda, dont la prochaine édition se tiendra à Almere en 2022.

Le Corso Fleuri : la plus extraordinaire fête des fleurs du monde. 50 chars monumentaux, ornés d’une profusion de fleurs, défilent sur une itinéraire de 40 km. Un régal pour les yeux, qui attire chaque année des milliers de visiteurs.

Le marché aux fleurs sur l’eau : le marché des fleurs le plus connu de Hollande se trouve à Amsterdam. Les étals de fleurs se trouvent à bord de péniches sur le canal Singel. Avec une telle profusion de fleurs, c’est le lieu le plus coloré d’Amsterdam.

FloraHolland : les enchères de Naaldwijk sont les plus grandes ventes aux enchères de fleurs coupées et plantes, et représentent plus de 90 % du commerce hollandais dans ce secteur. (La seconde place de marché est la VBA d’Aalsmeer.) Il faut se lever de bon matin, mais c’est le prix à payer pour assister à une vente très animée, d’un point de vue privilégié (avec des commentaires traduits en anglais). 

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